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Fin du mandat belge au Patrimoine mondial de l'UNESCO (2021-2025), un bilan au service de la paix et du développement durable

© Visit Wallonia MT-Wallonie Picarde
Mémorial britannique de Comines-Warneton

Fin du mandat belge au Patrimoine mondial de l'UNESCO (2021-2025), un bilan au service de la paix et du développement durable

Les 24 et 25 novembre derniers, Paris accueillait l’Assemblée générale des 196 Etats ayant ratifié la Convention de 1972 sur la Protection du Patrimoine mondial, organisée tous les deux ans. Pour la Belgique, ce rendez-vous avait une saveur particulière : notre mandat touchait à sa fin après quatre années d’engagement au sein du prestigieux Comité du Patrimoine mondial qui dirige cette Convention.
En effet, le Comité du Patrimoine mondial, composé de 21 membres élus, prend des décisions clés pour l’avenir de la fameuse Liste du patrimoine mondial. Pour la Belgique, cette session marquait l’aboutissement d’un cycle entamé en 2021, mené avec constance et couronné cette année encore par la vice-présidence du Comité et de l'Assemblée générale. 
Chaque année, ces comités rassemblent plus de 1.500 participants (diplomates, scientifiques, expertes et experts, représentants de la société civile) autour d’un objectif commun : protéger et valoriser le patrimoine culturel et naturel qui raconte l’histoire de l’humanité.

2021-2025 : Quatre années d’engagement au service du patrimoine mondial

Élue en 2021 pour la seconde fois de son histoire, la Belgique et ses Gouvernements régionaux s’étaient fixés trois priorités : une Liste du patrimoine plus équilibrée géographiquement, un dialogue renforcé entre Etats et experts, et une meilleure adaptation du patrimoine face aux défis de demain. Quatre ans plus tard, le pari est tenu et des avancées claires ont été réalisées.

Une action collective

Cette implication n’aurait pas été possible sans une concertation étroite entre le niveau fédéral et les trois Régions, compétentes en matière de patrimoine. Le travail a également été nourri par une excellente collaboration avec les équipes du Centre du Patrimoine mondial, dans un véritable esprit de confiance et d’efficacité. C'est d'ailleurs dans ce cadre que Wallonie-Bruxelles International (WBI) finance des bourses pour jeunes diplômés belges francophones au sein du Centre du Patrimoine mondial tout au long de l'année. 
Au fil de ce mandat, la Belgique a pris de réelles responsabilités en matière de gouvernance des institutions : d’abord comme Rapporteur au Comité de New Delhi (2024), rôle exercé par le représentant de la Wallonie, Martin Ouaklani, puis en accédant à la Vice-présidence du Comité de Paris en 2025.
Vice-présider le Comité est un honneur immense pour la Belgique. C’est la preuve que l’expertise, la constance et le sens du consensus peuvent nous faire peser sur la scène internationale. Pour la Wallonie, l’enjeu est encore plus fort : nos régions ont démontré qu’elles disposent d’un savoir-faire reconnu, qu’il s’agisse de développement durable, de préservation du patrimoine ou d’énergies renouvelables.

Une action pour une représentation géographique équilibrée

Au moment où la Belgique entamait son mandat, la Liste du patrimoine mondial fêtait ses 50 ans. Un anniversaire qui invitait naturellement à prendre du recul et à affirmer une vision plus inclusive, plus juste. Un patrimoine « mondial » se doit de raconter toutes les histoires.
La Belgique a constamment œuvré pour une Liste plus représentative, en particulier en Afrique, région encore sous-représentée. L’exemple de la Cour royale de Tiébélé, joyau de l’architecture Kassena au Burkina Faso, illustre cette démarche. Sa préparation a été soutenue par une coopération de plus de dix ans avec l’Agence wallonne du Patrimoine.
Mais la mission du Comité ne se limite pas aux inscriptions : elle implique aussi la conservation. Le retrait du parc naturel de Niokolo-Koba, au Sénégal, de la Liste du patrimoine en péril, en est une belle illustration. Ce succès résulte des efforts des autorités locales, accompagnés par ULB-Coopération.
La Wallonie a été force de proposition pour rendre la Liste plus inclusive et crédible : encouragement des jumelages de dossiers, simplification des procédures, modernisation des méthodes. Cette approche reflète une vision belge du patrimoine qui ne fige pas le passé, mais le fait vivre, générant emplois, identité et solidarité pour les communautés locales.

Une action pour la paix

Dans un contexte international complexe, la Belgique a mis son sens du consensus au service du patrimoine comme vecteur de dialogue et de réconciliation. Plusieurs dossiers sensibles ont marqué le mandat : En 2023, elle s’est engagée pour l’inscription urgente des sites historiques à Odessa, Kyiv et Lviv (Ukraine), lourdement touchés par l'invasion de la Russie. En 2024, c’est le monastère de Saint-Hilarion, premier site inscrit à Gaza, qui a été placé sous protection en urgence, renforçant ainsi la sauvegarde d’un patrimoine byzantin essentiel à l’histoire de la région.
La Belgique a également permis de renforcer la reconnaissance des sites de mémoire : ceux du génocide rwandais, l’héritage de Nelson Mandela en Afrique du Sud, l’ensemble monumental de Târgu Jiu en Roumanie par Brancusi, les sites du génocide cambodgien, et en Wallonie, en Flandre et en France : les sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale. Ces derniers honorent des victimes venues de 130 pays, dans un message universel de paix et de réconciliation qui résonne avec une force particulière aujourd’hui.

Une action pour l’environnement et la durabilité

Le patrimoine, c’est notre passé mais c’est aussi ce qui prépare notre avenir. Plus qu’un héritage : c’est un levier de développement durable, de cohésion sociale et d’emplois non-délocalisables. Il est au cœur des grands enjeux environnementaux actuels, et le mandat belge a placé la transition écologique et la durabilité parmi ses priorités.
La Belgique a notamment contribué au lancement du Guide sur les énergies renouvelables et le patrimoine mondial, un outil indispensable pour concilier transition énergétique et préservation des sites. La Wallonie a joué un rôle moteur dans ce projet en accueillant à Namur la réunion de lancement, en pleine Présidence belge du Conseil de l’Union européenne (2024), un moment fort de dialogue entre experts du patrimoine et du secteur énergétique.

Et maintenant ? 

Le mandat au Comité du patrimoine mondial s’achève, mais l’engagement belge, lui, se poursuit. La Délégation Wallonie-Bruxelles entend jouer un rôle actif à l'UNESCO, fidèle à son engagement en faveur de la culture et du patrimoine. 
A travers ce mandat, la Wallonie a démontré sa capacité à peser sur la scène multilatérale. Elle peut être fière de ses huit biens inscrits : les beffrois (Binche, Charleroi, Mons, Tournai, Gembloux, Namur), les quatre sites miniers majeurs (Le Grand-Hornu, Bois-du-Luc, Bois du Cazier, Blegny-Mine), les ascenseurs du canal du Centre, la cathédrale de Tournai, les minières de silex de Spiennes, la forêt de Soignes, la ville thermale de Spa, ainsi que les sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale. 

Autant de lieux vivants que l’on peut retrouver dans la dernière publication de l’Agence Wallonne du Patrimoine "Trésors du patrimoine mondial en Wallonie" . Tous ces sites incarnent aussi des valeurs universelles de l’histoire wallonne et porteurs d’un message universel de paix, de solidarité et de durabilité.

© AWaP
© Extended 45th session of the World Heritage Committee
© UNESCO
© UNESCO
© UNESCO
Retour sur l'action de la Belgique au 46e Comité du Patrimoine mondial